Seconde
Assise au quai des passants, Sirotant le temps d’un îlot de cube glacé à la saveur d’un fruit des bois; à rafraîchir nos langueurs d’une douce flânerie, d’un peuple, d’une foule qui avance à donner le temps en nos orbes. A travers des lunettes de truite fumée, je fixe une horloge solaire, j’épie les passants, les couleurs de gens animés, un coloriage de marché épicé, de vieux meubles sur le trottoirs, des reflets de vitrines, des pas, des murmures des rumeurs qui résonnent dans le cœur de la ville, comme un bocal...
Rumeurs....
Quand à l’instant du couchant, quand tout s’éteint, qu’un soleil tombe en veille, un réverbère s’élance à l’étoile en vrille, l’ombre se réveille à l’approche d’un lendemain ou chaque instant recommencé ; chaque fissure d’enfance brève…
Comme une lézarde au coeur J-P arrive, s’assoit tranquillement, sans maudire, sans un mot, saisit ma main et dessine de son doigt des lignes au creux de sa paume, de délicats effleurements. Alors, les passants comme des ombres s’effacent tranquillement ; Il est seul à l’épicentre du monde. Et rien d’autre n’a d’importance que la seconde présente… son amour de toujours, d’une longue vie.
Puis, il faut rentrer, Il est 19h et quelques sur le quai de la gare, elle doit rejoindre son pavillon. Mais aujourd’hui, c’est terne et triste, pas de couleurs, tous vont comme des pantins ternes vers leurs destinations aléatoires. Il pleut un déluge. C’est terne, c’est triste, c’est une foule anonyme. Elle est agoraphobe, ça grouille de fourmis.
Elle arrête un passant !
- Pardon vous avez l’âge ?
L’homme regarde distraitement sa montre et d’un ton monocorde lui répond
-Il est 39-40
- Mince, Je me suis trompée de train ! Je ne veux pas aller à Dübendorf !
Au loin sur le quai une Scène de Boxe.